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Sécurité

COVID, un danger parmi d’autres ! La culture santé-sécurité au défi de la crise sanitaire.

le 09.11.2020

Confinement, télétravail, gestes barrières, déconfinement, masques, couvre-feu et à nouveau confinement.

Nous avons traversé et traversons encore cette crise sanitaire, qui a déjà des répercussions sur bien d’autres domaines, notamment économique, social et politique. Et ce n’est que le début…

Mais finalement, qu’est-ce que cette crise nous apprend sur notre propre Culture Santé-Sécurité au travail ?

Je vais déjà commencer par préciser la notion de « Culture », selon l’ICSI il s’agit : de l’ensemble des manières de faire et des manières de penser partagées par un collectif.

Faisons abstraction pour un court moment des décisions politico-scientifiques, des impréparations, des dysfonctionnements dans la gestion de crise et focalisons-nous sur cette notion de culture.

Pour ma part, j’ai pu observer que tous les pays n’avaient pas le même niveau de culture vis-à-vis du risque biologique.

Les citoyens de certains pays ont été plus enclins que d’autres à spontanément respecter certaines règles, comme la distanciation, le lavage des mains, éternuer dans son coude, porter un masque…

Quand la notion de « partagé par un collectif » est atteinte, en l’occurrence ici la masse critique, il est possible de parler de culture et cela peut faire la différence au bout du compte.

Sinon, nous avons des initiatives individuelles par-ci par-là, qui certes vont dans le bon sens, mais ne suffisent pas pour atteindre la masse critique et parler de culture.

Bien sûr, pour bâtir une culture il faut du temps, cela ne se décrète pas du jour au lendemain.

Faisons néanmoins une petite rétrospective d’une vingtaine d’années de ce que nous avons vécu :

  • 2003 : SRAS-CoV-1
  • 2005 : Grippe H5N1
  • 2009 : Grippe A H1N1
  • 2012 : MERS-CoV
  • 2019 : SRAS-CoV-2

Sans parler des grippes saisonnières annuelles, ni d’Ébola, du Chikungunya, de la Dengue et du Zika… et j’en oublie
forcément.

Celle qui m’a le plus marqué et dont je me souviens relativement bien est la pandémie de H1N1 de 2009.

Déjà à l’époque, les entreprises avaient dû, entre autres :

  • établir un Plan de Continuité des Activités (PCA),
  • sensibiliser leurs salariés sur la façon de se laver les mains pour éviter une propagation d’agents biologiques
  • diffuser des messages d’information à leurs salariés quant aux bénéfices d’éternuer dans son coude
  • faire des stocks de masque respiratoire P2 et de gel hydroalcoolique

Qu’en reste-t-il 10 ans après ? Est-ce que le matériel était disponible ? Est-ce que les PCA étaient à jour, ont-ils
seulement été ouverts ? Et est-ce que ces gestes étaient ancrés dans notre quotidien pour toutes les autres grippes
annuelles depuis ?

Moyens et organisation sont indispensables, certes, mais c’est aussi à travers les petits gestes de chacun, les
comportements, qu’une culture se développe.

En tout cas si l’on souhaite basculer de l’obéissance vers l’autonomie, il est indispensable de faire progresser son niveau de culture. Le tout répressif demande de l’énergie et n’est pas viable à long terme.

Alors comment faire et par quel angle aborder le sujet ?

Pour changer les choses, il y a plusieurs bascules à opérer, comme décrit par l’Institute of Neurocognitivism :

La plus connue est la bascule cognitive.

Il faut expliquer et donner du sens, afin que chacun puisse comprendre les enjeux qui rendent nécessaire l’objectif poursuivi par cette évolution de culture indispensable.

Appliquer les règles c’est un bon début, mais comprendre pourquoi, c’est bien mieux !

Cela se traduit par une certaine dose de pédagogie et d’argumentaire à développer pour favoriser la conscience des risques.

Les citoyens ont-ils reçu assez d’explication avec toute la pédagogie nécessaire ? Leur besoin de sens a-t-il été suffisamment nourri ?

Et côté des salariés, a-t-on pris le temps de redétailler et d’expliquer comment ces mesures allaient se traduire au sein de l’entreprise, quelles organisations ont été privilégiées pour répondre au mieux à ce qui était en jeu ?

Ou bien, c’est la loi, c’est la règle, c’est comme ça, point !?

Une autre bascule est nécessaire, il s’agit de la bascule émotionnelle.

Comprendre pourquoi ne suffit pas, il faut aussi avoir envie de changer, d’abandonner son ancien comportement au profit d’un nouveau.

Cette bascule est peut-être la plus difficile à opérer, car il faut que le bilan émotionnel soit perçu positivement au bout du compte.

J’ai pu observer que la teneur des messages passés sur les médias, pendant la crise, tenaient du registre de la peur et de la sidération, comme égrener le nombre de mort quotidien chaque soir.

Même si la peur est une émotion qui nous incite à nous mettre en mouvement, est-ce la meilleure façon de donner envie ?

Pour ma part, je préfère nourrir d’autres besoins, comme la reconnaissance, l’appartenance et l’implication.

Quelles sont les personnes qui ont été impliquées dans la définition et la mise en œuvre des protocoles sanitaires d’entreprise ?

Le CSE a-t-il été consulté en amont, ou associé aux décisions ?

Les salariés ont-ils pu exprimer leurs idées et leurs solutions pour permettre le respect de ces consignes sur le terrain ?

L’encadrement a-t-il encouragé, félicité ? les prises d’initiatives, les remontées de situations dangereuses, l’application de règles supplémentaires en plus de celles déjà en place et qui peuvent générer de plus fortes contraintes au quotidien

Ou bien, c’est la loi, c’est la règle, c’est comme ça, point !?

La 3e bascule à opérer est la bascule comportementale.

Une fois que nous avons trouvé du sens et ressenti l’envie de changer, le passage à l’action n’est pas toujours au rendez-vous !

Même si le plus dur est fait, les habitudes sont tenaces !

Faire changer le comportement peut passer par la prise d’engagement ou par des coups de pouce bienveillants (nudges).

D’ailleurs, je crois qu’à maintes reprises, nous nous sommes tous engagés sur l’honneur à ne sortir que pour aller faire des courses de première nécessité, en signant une attestation de déplacement dérogatoire.

Est-ce qu’après un temps d’échange Santé-Sécurité, l’ensemble des parties, encadrants et collaborateurs, prennent un engagement mutuel ?

L’une des parties : de lever les freins, techniques ou organisationnels, à la mise en place d’une nouvelle règle ou d’une bonne pratique, et l’autre : à adhérer au respect du nouveau comportement attendu.

Ou bien, c’est la loi, c’est la règle, c’est comme ça, point !?

Voilà quelques clés qui peuvent permettre de nous interroger sur notre niveau de maturité de notre Culture Santé-Sécurité.

Cette crise nous apprend que même lorsqu’on partage une même finalité, il est compliqué de s’accorder sur les modalités et que la mise en œuvre de ces dernières est dépendant de la culture d’une société.

Il en est de même en matière de prévention santé et sécurité.

Personne ne souhaite d’accident et pourtant il est parfois tellement difficile de s’accorder sur la politique à mener…

Article rédigé par Johann Archambault

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